Jessica Lapinski
15 juill. 2022
Pierre Langlois, président de Tendev, son fils Marc-André et Claude Bazin, président du Club de tennis du Tracel, posent avec une boîte de Recycle balles sur un terrain du quartier Cap-Rouge, à Québec.
Un entrepreneur et passionné de tennis de Québec s’est donné pour objectif de faciliter la récupération et la réutilisation des balles. Car si ces petites boules jaunes peuvent sembler inoffensives, elles sont en fait grandement polluantes.
Composée principalement de caoutchouc, une balle met près de 400 ans à se décomposer. Chaque année au pays, elles sont au minimum 9 millions à être utilisées par des joueurs récréatifs.
«Pour donner une image environnementale forte, une balle de tennis et un pneu, c’est presque la même chose. La problématique est la même pour les deux. On ne peut pas les enfouir, car ça crée des émanations et des gaz à effet de serre», vulgarise Pierre Langlois, le président de Recycle Balles Canada.
Travaillant lui-même dans le domaine environnemental, M. Langlois a voulu trouver une solution afin de donner une seconde vie à ces petits objets jaunes, au moment où l’engouement pour le tennis grandit au Canada.
Ancien joueur et fondateur du programme de tennis du Rouge et Or de l’Université Laval, M. Langlois s’est inspiré d’une compagnie américaine appelée Recycle Balls.
Celle-ci récupère les balles de tennis ramassées dans les clubs des États-Unis – environ 3 millions par année – et par le biais de son usine basée à Burlington, les décape et les broie.
La matière qui est alors créée peut être utilisée de différentes façons. Elle peut notamment être intégrée dans la peinture des courts de tennis, afin de rendre la surface plus spongieuse.
C’est ce qui est utilisé sur les terrains des Internationaux des États-Unis, à New York, et qui le sera sur les nouveaux terrains du Stade Sobeys, à Toronto.
DES BOÎTES PRÈS DES COURTS
L’entrepreneur ne s’est pas seulement inspiré de Recycle Balls: il collabore avec l’entreprise depuis trois ans, puisqu’il n’existe pas d’usines semblables au Canada.
Il a mis sur pied Tendev, un organisme sans but lucratif qui gère le projet ici.
Afin de récupérer les petites balles jaunes des joueurs québécois, M. Langlois fait venir les boîtes de recyclage de la compagnie américaine. Offertes au coût de 15$ (qui servent à payer le transport) à chaque club ou individu qui souhaite s’en procurer, elles permettent de récolter 200 balles. «On ne profite pas du même avantage fiscal qu’aux États-Unis, alors on doit vendre les boîtes. Pour l’instant, on n’a pas de commanditaire majeur qui nous permet d’assumer ces frais, on y va avec le principe de l’utilisateur-payeur», souligne-t-il.
TOURNOIS DE MONTRÉAL ET TORONTO
Comme il n’existe pas d’usine permettant de les transformer au Canada, elles sont retournées aux États-Unis.
L’an dernier, ce sont plus de 50 000 balles qui ont été récoltées à travers différents clubs du Québec. Du lot, 15 000 ont été récupérées au terme des tournois de Montréal et de Toronto, Tennis Canada étant partenaire de l’aventure.
«Cette année, on vise environ 200 000 balles», souhaite M. Langlois.
IL AIMERAIT EXPORTER LE PROJET EN ONTARIO
Pierre Langlois souhaite que tous les clubs de tennis intérieurs du Québec adhérent à son initiative Recycle Balles d’ici la fin de l’année.
Ils sont déjà quelques-uns à détenir des boîtes de récupération. C’est le cas au Stade IGA de Montréal et au club de tennis 3R de Trois-Rivières.
Après cela, l’homme d’affaires aimerait exporter son projet hors de la frontière québécoise, soit à Ottawa et à Toronto.
PLUS DUR DEHORS
Pour l’instant, il est plus difficile d’implanter les boîtes de récupération dans les terrains extérieurs.
Les boîtes étant en carton, elles-mêmes récupérables, elles risquent de se désagréger après des averses, ou encore, d’être volées.
Malgré ces inconvénients, quelques clubs de Québec participent à l’initiative. C’est notamment le cas du Club de tennis du Tracel, dans le quartier Cap-Rouge, à Québec.
Se décrivant comme pro-environnement, Claude Bazin, le président du club, adhère au projet depuis l’an dernier.
EN BOUTIQUE AUSSI
Mais M. Langlois a trouvé une solution de rechange pour les joueurs de tennis désireux de récupérer leurs balles.
Des boîtes ont été installées dans les boutiques spécialisées Tenniszon, dans la région de Montréal, et Fradette Sport, à Québec.